Lumiere

Mon cœur, hier, a croisé
Une si douce beauté…
Mais mon esprit timoré
N'ose l'avouer.

À peine sa silhouette
- De si savante palette !
Fût-elle, au coin, apparue,
Mon souffle s'est tu.

Elancée, vive et si belle,
Cette jeune caravelle
Rêvant de lointains rivages
Invite au voyage :

Ses voiles, gonflées de vie,
Réveillent en moi l'envie
D'explorer les océans
Secrets des amants.

Mon cœur, hier, a croisé
Une si douce beauté…
Mais mon esprit timoré
N'ose l'avouer.

L'ambre de ses fins cheveux
A, tout au fond de mes yeux
Jeté les éclats dont l'amour
Revêt les beaux jours.

Ses cheveux, cadre mouvant
Aux milles mèches peignant
De caresses adoucies
Ses deux joues polies.

Joues roses et duveteuses !
Avec ces lèvres charmeuses,
Vous composez un visage
Plus doux qu'un mirage.

Mon cœur, hier, a croisé
Une si douce beauté…
Mais mon esprit timoré
N'ose l'avouer.

Au cœur de ce rêve pâle,
Deux grandes perles d'opales
Brasillent d'étranges flammes
- Serait-ce ton âme ?

Ô ! Dryade aux yeux marins
De cendre cerclés, tu vins
M'offrir ces tendres lueurs
- Ranimer mon cœur !

Merci ! J'aspire à nouveau
À me noyer dans ces eaux
Et sentir tout contre moi
Ta bouche et tes doigts.

Mon cœur, hier, a croisé
Une si douce beauté
Que mon esprit, délivré,
Souhaiterait l'aimer.